JULIEN PAPPÉ, UNE VIE ANIMÉE
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Julien Pappé expérimentateur

 
 

Expérimenter, un état d’esprit qui s’est développé pendant ses quatre années de périgrination à travers la Russie des années 40. Sa première expérimentation cinématographique se fera sur une caméra Debrie récupérée sur un avion allemand en déroute. Cette caméra endommagée avait besoin d’être réparée. Faute de trouver le réparateur et les pièces de rechange, Julien démonte l’objet pièce par pièce, pour en comprendre la mécanique et le fonctionnement. Il fabrique les pièces manquantes avec des matériaux de récupération et refait fonctionner cette caméra qui le suivra toute sa vie. Il l’installe sur le premier banc-titre des studios Magic-Films.

Caméra Debrie adaptée au tournage image par image par Julien Pappé © Magic Films (JPG) Julien Pappé est un passionné de mécanique, ce qui l’intéresse c’est de conjuguer sa sensibilité artistique à l’exploration d’univers inédits et mettre la machine au service de ses idées.






Caméra Debrie adaptée au tournage image par image par Julien Pappé © Magic Films

C’est dans cet état d’esprit qu’il entre en collaboration avec le Service de la Recherche de l’ORTF, qui lui donneront les moyens de ses expérimentations.

Plusieurs de ses films témoignent de la mise en application de ces recherches visuelles (Sophie et les gammes, La Mare aux garçons, Brancusi ou l’école du regard).

Dans cette période des années 60, il mettra au point une truca (machine à faire des trucages) confectionnée de bric et de broc : matériaux récupérés au marché aux puces de Montreuil, rouages mécaniques provenant d’un sous-marin... Cette truca permettait des effets visuels jamais vus jusqu’alors, par exemple : incruster des personnages d’animation dans un décor réel, surimpressionner trois images différentes dans un même défilement, dans un même plan continu accélérer les mouvements puis les ralentir et revenir ensuite au mouvement naturel.

Tous ces effets sont aujourd’hui accessibles rapidement grâce au numérique, qui les a banalisés. A l’époque, tout se tournait en 35 mm et il fallait anticiper les effets à la prise de vue, le résultat n’étant visible qu’après développement du film.

Grâce à cette truca et aux multiples inventions visuelles qu’elle permet, une nouvelle ère de travail commence pour Magic Films. La publicité va s’intéresser à ses possibilités, les cinéastes de la Nouvelle Vague aussi et demandent à Julien pappé de réaliser leur bandes annonces en intégrant ces nouveaux effets visuels.

Mais avant tout, Julien Pappé reste un animateur.

 


Julien Pappé au banc titre © Magic Films


Julien Pappé au banc titre © Magic Films

Julien Pappé dans son studio vers 1950